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Vie de l'église

Voyez-moi, écoutez-moi

« Car chaque arbre est connu par son propre fruit » (Luc 6:44).

Huitième dimanche du Temps Ordinaire

Monsieur 27:4-7; PS 92; 1 Cor 15,54-58; Lc 6,39-45

Jésus devait connaître la riche réserve d’aphorismes et de métaphores bibliques que l’on trouve dans les livres de sagesse, Sirach et Proverbes. Il était lui-même un maître des images et des paraboles qui rendaient ses enseignements vifs et mémorables.  Sirach explore aujourd’hui comment la parole révèle l’âme du locuteur, sonore ou superficielle, sage ou stupide, et comment les actions exposent le caractère de la même manière que le fruit révèle la santé d’un arbre.

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Luc propose une série d’images de Jésus sur des thèmes similaires: Les aveugles ne peuvent pas guider les aveugles; Les élèves reflètent leurs enseignants; Si nous ne connaissons pas nos propres défauts, nous ne pouvons pas aider les autres à gérer les leurs; Nous connaissons un arbre par son fruit.  Ces paroles révèlent à quel point Jésus était perspicace face à ses critiques et à ses propres disciples.  Il pouvait lire le cœur des gens même s’ils essayaient de cacher leurs intentions réelles, comme ce fut le cas avec les scribes et les pharisiens. Il les a traités d’hypocrites. En choisissant chacun des apôtres, Jésus a vu au plus profond d’eux pour trouver leur véritable caractère et leur potentiel de croissance.

Cela devait être troublant d’être en compagnie de Jésus, de savoir à quel point il écoutait tout le monde parler ou comment il observait les motifs derrière les actions. Sa pureté de cœur rendait tout le monde transparent pour lui. Son regard d’amour a dû submerger ceux qu’il a choisis d’être avec lui, de savoir qu’il pouvait tout voir et qu’il les aimait toujours.  Ou à quel point il devait être flétri pour ses ennemis auto-importants de savoir que Jésus savait qu’ils mettaient un faux visage tout en le méprisant.  

Avant d’apprendre les filtres et les protocoles que les adultes utilisent socialement, les enfants sont souvent aussi perspicaces. Ils ressentent l’énergie négative autour de certaines personnes et évitent les faux et ceux qui feignent l’affection. Ils disent la vérité même quand cela offense, à l’embarras de leurs parents.  Du côté positif, combien d’amitiés sont nées d’un simple regard honnête à travers une pièce bondée lors d’un clin d’œil révélateur de vérité ou lorsque deux étrangers baissent la garde et tombent amoureux de la vraie personne derrière le visage humain qui vient de leur être révélé.

Si le secret d’une vie pleine est de voir et d’entendre la réalité qui nous entoure, combien il est tragique que tant de personnes limitent leur rencontre avec le monde, aveuglées par les préjugés, le racisme, le jugement et la simple petitesse d’esprit.  Ils traversent la vie sans jamais voir la beauté de la diversité humaine, sourds à la musique de la Terre, fermés au cri de la souffrance humaine et à la chance d’ouvrir leur cœur à d’autres dans le besoin.

Le Petit Prince apprend du Renard que « ce n’est qu’avec le cœur que nous voyons à juste titre. » Les pharisiens refusaient de voir l’image de Dieu face à Jésus ou en eux-mêmes.  Morts à l’intérieur, ils n’ont produit aucun fruit.  Une société de consommation bruyante et palpitante noie les voix intérieures qui révèlent tout à ceux qui s’arrêtent, mettent de côté leurs écrans et leurs écouteurs et écoutent en eux et contemplent partout la beauté simple des gens et de la vie ordinaire. 

Nous commençons le Carême cette semaine, un temps pour trouver les endroits désertiques où le silence peut guérir l’âme et nous enseigner ce qui est important et ce qui ne l’est pas.  En privant nos appétits pour un temps, nous pouvons éveiller notre désir inné de vérité et approfondir notre compassion pour les millions de personnes qui ont faim et soif de justice, de dignité, de sécurité et de satisfaction.  Nous reprenons la route avec Jésus, à destination du Calvaire puis de la Gloire. C’est la joie de l’Évangile.