CITÉ DU VATICAN — Vouloir revenir à la façon dont les choses étaient dans le passé n’est pas chrétien, a déclaré le pape François.
Il y a une différence entre vouloir remonter le temps et s’inspirer de ses racines pour aller de l’avant avec le Christ, a-t-il dit.
Regarder en arrière pour trouver l’inspiration est une bonne chose car « sans racines, nous ne pouvons pas progresser », a-t-il déclaré. « Mais aller en sens inverse, c’est revenir en arrière pour avoir une forme de défense, une mesure de sécurité qui nous sauve du risque d’aller de l’avant, du risque chrétien de porter la foi, du risque chrétien de cheminer avec Jésus-Christ. »
Le Pape s’est exprimé le 13 mai devant des participants à une conférence internationale sur la théologie morale parrainée par l’Université Pontificale Grégorienne de Rome et l’Institut Pontifical de Théologie Jean-Paul II pour les Sciences du Mariage et de la Famille.
La conférence, du 11 au 14 mai, s’est concentrée sur « Pratiques pastorales, expérience de vie et théologie morale: « Amoris Laetitia » entre nouvelles opportunités et nouveaux chemins » dans le cadre d’une exploration plus approfondie de l’exhortation du Pape François sur la famille de 2016 et comment le document peut aider à guider la pratique pastorale de l’Église.
Il a dit qu’il y a un risque en ce moment, qui « fait tellement de mal à l’Église », de vouloir « faire demi-tour », soit par peur, soit par manque d’ingéniosité ou par manque de courage. »
Il y a « beaucoup » de personnes qui font partie de l’Église « qui poussent comme des champignons, ici, là, là-bas, et elles se présentent comme une proposition de vie chrétienne », a-t-il déclaré.
Un exemple, a-t-il dit, de retour au passé dans le domaine de la théologie morale est la « casuistique », c’est-à-dire la pratique consistant à établir des lois générales sur la base de quelques cas exceptionnels ou à utiliser une forme de raisonnement légaliste et dépouillée de l’amour et de la miséricorde de Dieu.
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Le pape a déclaré que la casuistique était « la nourriture » de ses études et de celles de sa génération en théologie morale, et même si elle est maintenant dépassée, ce « thomisme décadent » peut encore être ressuscité et déguisé avec des propositions de ce que l’on peut ou ne peut pas faire.
« Amoris Laetitia », a-t-il dit, est un exemple de la doctrine vivante de saint Thomas d’Aquin. Le saint a enseigné qu’il existe des facteurs, tels que l’ignorance, qui pourraient diminuer la culpabilité d’un acte objectivement pécheur.
Le pape a déclaré que cette approche « nous aide à avancer en prenant des risques, mais dans l’obéissance. Et ce n’est pas facile. »
Une réflexion et un dialogue accrus sont nécessaires dans différents domaines académiques et théologiques pour aider à soutenir les familles et à véritablement s’attaquer aux « blessures de l’humanité », a-t-il déclaré.
Aujourd’hui, la famille peut jouer un rôle important dans « la conversion pastorale de nos communautés et la transformation missionnaire de l’Église », a-t-il déclaré. « Pour que cela se produise, il est nécessaire qu’il y ait, y compris sur le plan académique, une réflexion théologique vraiment attentive aux blessures de l’humanité. »
Prêtres et théologiens doivent reconnaître « la relation inséparable, malgré les épreuves et les difficultés de la vie, entre la conscience humaine et le bien », a déclaré le Pape François. « La morale évangélique est loin d’être un moralisme, qui devient une observance littérale des normes » pour s’assurer d’être juste devant Dieu, et ce n’est pas une sorte d’idéalisme », qui, au nom d’un bien idéal, décourage et éloigne du bien possible. »
Le bien, a — t-il dit, est « un appel, une voix qui libère et stimule la conscience », dans laquelle réside une loi écrite par Dieu-aimer le bien et éviter le mal.
La conférence a été l’une des initiatives de l’Année de la Famille qui se termine le 26 juin, à l’occasion de la Rencontre Mondiale des Familles à Rome. Le Pape François a institué l’Année de la famille pour aider à renforcer la foi et à vivre plus fructueusement la joie de Dieu dans la vie de famille.